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LES LABORATOIRES DE BIOLOGIE ET LES CENTRES DE TRANSFUSION
Article mis en ligne le 30 janvier 2024
dernière modification le 14 février 2024

LES LABORATOIRES DE BIOLOGIE

Issus de l’ère pasteurienne, les laboratoires de biologie ont connu plusieurs étapes. Les premiers laboratoires sont essentiellement, avant la lettre, des "laboratoires de santé publique".

Laboratoire hospitalier (1930)

Un an après la naissance du "Corps de santé des colonies et pays de protectorat", Calmette* est envoyé à Saigon pour y installer un institut vaccinogène. Le Sous-Secrétaire d’État aux colonies, E. Étienne lui précise ainsi la mission de cet institut :

 Organiser un "service public de vaccination" contre la variole, la rage et le charbon, en préparant sur place les vaccins correspondants.

 Étudier les maladies parasitaires de l’homme.

 Entreprendre des recherches nouvelles, en application des méthodes de Pasteur, sur le choléra, la dysenterie, le béribéri et la fièvre malarienne.

En débarquant à Saigon, le 7 février 1891, Calmette* dispose de deux pièces dans l’hôpital de la Marine, le futur hôpital Grall.

Cinq ans plus tard, désigné pour le Sénégal, Marchoux* arrive à Saint-Louis le 29 février 1896 pour y créer le premier laboratoire de microbiologie d’Afrique noire. Il est, lui aussi, sommairement installé dans les locaux de l’hôpital militaire.

Ainsi, à leurs débuts, pour des raisons de commodité, les laboratoires de biologie sont situés dans l’hôpital dont ils ne manquent pas de renforcer les moyens de diagnostic. C’est ainsi que Marchoux* pratique la première hémoculture d’Afrique noire. Mais leurs vocations premières sont la santé publique et la recherche. Plus tard, établis dans leurs propres locaux, ces laboratoires sont transformés en filiales de l’institut Pasteur de Paris, à Saigon en 1896, à Dakar en 1924.

Laboratoire de biologie

Dès lors, une certaine séparation des tâches s’opère et des laboratoires de biologie sont maintenus ou créés pour assurer les multiples analyses et examens paracliniques nécessaires à des activités hospitalières, nécessité d’autant plus évidente que la plupart des colonies sont dépourvues d’institut Pasteur.

Après le Sénégal, sont créés, en Afrique noire, des laboratoires, un par colonie. Madagascar et les autres territoires sont également pourvus d’un service de biologie dans l’hôpital de la capitale. Les consultants externes ont accès à leurs prestations.

Entouré de laborantins autochtones, le responsable du service est un médecin ou un pharmacien du Corps de santé colonial. Les médecins ont suivi le "grand cours" de l’institut Pasteur de Paris dans les séries microbiologie et sérologie-immunologie.

Après la Deuxième Guerre mondiale, les laboratoires se multiplient. A Tananarive ou à Dakar par exemple, chaque hôpital dispose de son service de biologie. Dans les grandes villes, des formations extra-hospitalières de grand rendement telles que les polycliniques ou les instituts d’hygiène disposent d’un laboratoire. Peu à peu, autour des années 1960, s’ouvrent des laboratoires privés d’analyses médicales.

LES CENTRES DE TRANSFUSION

Après bien des échecs, la découverte par Landsteiner des groupes sanguins, en 1900, et de la nécessaire compatibilité sanguine entre donneur et receveur, la transfusion sanguine prend naissance en Europe vers 1910.

Sous les tropiques et jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, elle est exceptionnellement réalisable et limitée aux hôpitaux. Après un contrôle extemporané - et sommaire - de la compatibilité des sangs, ces transfusions sont faites, de bras à bras, avec le réglementaire appareil de Jouvelet*.

Sous l’impulsion de l’armée américaine, la transfusion connait un essor décuplé avec le découverte du facteur Rhésus.

A Dakar, en 1943, un "centre de récolte de sang" est créé pour approvisionner en plasma les troupes françaises. Cette tâche est attribuée à l’institut Pasteur de Dakar qui la poursuit jusqu’en 1950. Initialement au service des unités militaires, ce centre devient rapidement pourvoyeur des besoins civils.

Salle de prélèvement de sang

En août 1949, Le Rouzic*, directeur de la santé publique en AOF décide de créer à Dakar un "Centre fédéral de transfusion sanguine", inauguré le 15 avril 1951. La direction en est confiée à Linhard*, biologiste des hôpitaux coloniaux. Avec des installations très modernes, ce centre s’avère rapidement performant. Dans les six premiers mois d’exercice en 1951, 1939 donneurs sont inscrits dont les deux tiers sont Africains et 3 500 prélèvements sont effectués. Les produits délivrés consistent en sang entier dit "sang rouge" et en plasma, liquide ou sec.

Tous les quinze jours, une douzaine de centres hospitaliers d’AOF et du Cameroun reçoivent livraison de sang et de plasma en coffres isothermes, par train ou avion. Outre ces expéditions fixes, des livraisons supplémentaires sont assurées en cas de besoin.

Le centre de transfusion sanguine participe également à la recherche scientifique et Linhard* s’illustre dans l’étude de la sérologie syphilitique, des marqueurs sanguins des hépatites virales et de certaines maladies du globule rouge propres à l’Africain.

Après l’indépendance, le centre devient national et sénégalais. Il se modernise et s’agrandit. D’autres capitales, comme Abidjan, créent leur propre établissement. De plusieurs États d’Afrique, des médecins autochtones viennent se spécialiser à Dakar.

Au Sénégal même, le centre national de transfusion sanguine (CNTS) de Dakar poursuit son développement. En 1972, il totalise 12 622 donneurs. Chaque semaine, les hôpitaux de l’intérieur sont approvisionnés en sang et en plasma. Trois banques de sang suppléent le CNTS, l’une à l’hôpital Principal de Dakar, les autres à Saint Louis et à Diourbel. Le seul problème est le coût élevé du fonctionnement de ce type d’établissement, entièrement à la charge des budgets nationaux.