
Dans un communiqué daté du 11 septembre 2025, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) vient d’indiquer que Candidozyma auris anciennement "Candida auris" continue de se propager rapidement dans les hôpitaux européens, faisant ainsi état d’une menace sérieuse pour les patients et les systèmes de santé du fait que cet agent pathogène résiste à la plupart des médicaments antifongiques disponibles sur le marché.
La propagation de cet agent n’est certes pas nouvelle : des cas de colonisation ou d’infection sont rapportés en France depuis 2014 (et de façon rétrospective depuis 2007) ; à ce jour, si seulement 73 cas ont été documentés en France, la plupart d’entre eux étant des cas d’importation de nombreux pays (Espagne, Grèce, Italie, Roumanie et Allemagne) on note une accélération nette des cas depuis 2024. Au niveau de l’UE, entre 2013 et 2023, plus de 4 000 cas ont été signalés ; surtout, rien qu’en 2023, ce sont 1 346 cas qui ont été enregistrés dans dix-huit pays, contre 1 812 cas cumulés jusqu’en 2022 d’où l’alerte de l’ECDC. L’Espagne, l’Italie et la Grèce sont les pays eurpéens les plus touchés.

Cette levure du genre Candida, décrite pour la première fois au Japon en 2009, est effectivement responsable d’infections nosocomiales. L’infection touche en secteur hospitalier des adultes immunodéprimés ou ayant récemment subi une intervention chirurgicale et souvent porteurs de dispositifs médicaux invasifs. Elle touche également les nouveaux-nés. Elle se transmet soit par contact direct d’une personne infectée à une autre, soit par contact indirect via l’environnement et le matériel de soins contaminés. Sa survenue résulterait, comme pour d’autres microorganismes, de l’utilisation excessive d’antibiotiques par les hôpitaux, contribuant ainsi à la recrudescence de champignons résistants aux médicaments.

La gravité de cette infection est réelle puisque la candidémie qu’elle entraine est responsable de 29% à 62 % de mortalité. Mais elle peut aussi coloniser les patients sans provoquer de symptômes immédiats, ce qui complique sa détection et facilite sa propagation silencieuse dans les services hospitaliers. De plus, sa présence peut rester méconnue du fait de ses difficultés d’identification par rapport aux autres Candida.
Mais la préoccupation majeure vient du fait que cet agent est très souvent résistant aux anti-fongiques (Fluconazole, Voriconazole, Amphotéricine B...) habituellement utilisés dans le traitement des infections à Candida, au point que les seules mesures disponibles relèvent de la prévention : dépistage des contacts étroits en cas d’un nouveau cas, hygiène des mains renforcée, mise à l’écart (chambre seule) d’un patient infecté... Mais comme cela a été démontré en Espagne où des mesures de contrôle spécifiques ont été mises en place, le champignon persiste dans les établissements touchés et peut facilement rebondir en cas de relâchement des mesures de contrôle
L’ECDC alerte sur cette menace croissante en recommandant la mise en place de toute urgence de capacités de surveillance, de détection, de gestion clinique et de contrôle des infections par Candidozyma auris ce qui implique « la formation du personnel de santé, le développement de protocoles normalisés, l’allocation de ressources spécifiques mais aussi une meilleure coopération entre pays européens ».