
Mise en œuvre à Toulon par la Marine nationale du 18 au 28 mars 2025, l’opération Entex 50 constitue une avancée vers de nouvelles capacités opérationnelles sous-marines. C’est dans ce cadre que, Lucile Daubresse, médecin principal spécialiste en médecine hyperbare et de plongée, a participé, avec 3 plongeurs, un nageur de combat et deux démineurs, à cette expérimentation scientifique dans un caisson hyperbare placé à 200 mètres de profondeur, testant ainsi de nouvelles procédures de plongée autonome en saturation.

La Marine nationale a réalisé une prouesse technologique en intégrant à cette plongée à saturation, des plongées humides en recycleur autonome. Cette combinaison, plongée à saturation et plongée d’incursion en recycleur, n’avait jamais été réalisé à de telles profondeurs ce qui rend cette mission unique de même que la présence et la mission d’un médecin pour assurer une surveillance rapprochée des plongeurs pendant l’exercice.
Pour se faire, après environ 4h30 pour atteindre l’objectif des 200 mètres de profondeur, les membres de l’opération ont passé plus de deux jours à cette profondeur. Durant le séjour profond, les trois plongeurs ont réalisé des plongées d’incursion, sans porter les scaphandres classiques équipés des recycleurs qui les raccrochent à l’habitat pressurisé mais en étant équipés de recycleurs autonomes pour plus de discrétion ce qui constitue une véritable innovation ! Leurs travaux finis, il a fallu une semaine et 12 heures pour remonter à la surface.
Pour le médecin, la surveillance rapprochée a consisté à réaliser des examens au niveau ORL, ophtalmologique et neurologique sur les plongeurs, avant, pendant et après la mise en pression, pour vérifier l’impact de cette plongée sur l’organisme. Celui-ci consiste en particulier à de très grandes profondeurs en un syndrome nerveux des hautes pressions à repérer par EEG ou en une baisse de température au-dessous de la limite basse fixée à 35,5°C liée au fait que la cuve de plongée est à 8°C et que le gaz respiré, appelé héliox – mélange d’hélium et d’oxygène – est un gaz très froid.

Pendant l’exercice, Lucile a remarqué la sensation de coton qui affectait ses mouvements, obligeant à adapter la vitesse de ses gestes au contexte et la modification de la voix qui devient plus stridente ou nasillarde, à cause de l’héliox, au point de pouvoir gêner la compréhension et de rajouter une bonne ambiance.
Grâce à l’entrainement préalable de trois semaines qui a permis de s’adapter totalement à l’exiguïté de l’espace, personne n’a été saisi par les effets de la pression ou par une sensation de claustrophobie. C’est selon elle, le retour à la surface et la réadaptation à la vie sur terre, avec son lot de bruit, de charges et de lumière qui a finalement été le moment le plus compliqué de la mission !